[RETROGAMING] Banjo-Kazooie / Nintendo 64

Publié le par Vavalboss

Banjo-Kazooie
Support : Nintendo 64

Existe également sur le Xbox Live
Développeur : Rare
Editeur : Nintendo
Année : 1998


Testé via l'émulateur Project64 : Antialiasing x8; Anisotropic filtering x16; Triple buffer Vsync; résolution 1054x864 60Hz; Framerate 50fps/s.

[RETROGAMING] Banjo-Kazooie / Nintendo 64

Il y a de ces jeux qui, de manière inéluctable, font parties de l’histoire. Au milieu des années 90 et à l’heure de l’avènement de la 3D, Super Mario 64 fait partie de ceux-là. De par sa manière d’appréhender la plateforme en trois dimensions et des nouvelles mécaniques qui en découlèrent, le porte étendard de la Nintendo 64 restera à jamais dans le cœur des joueurs comme étant une œuvre majeure, une pierre angulaire qui donna ses lettres de noblesse à une isométrie qui deviendra la norme. Cependant, l’année 1998 accoucha d’un titre qui aura su sublimer cette nouvelle manière de jouer mise en place par plombier moustachu et bedonnant. Souvent sous-estimé par les aficionados de la console 64 bits de Nintendo, il demeurera malgré tout le plus grand jeu de plateforme de sa génération, et l’un des tous meilleurs de l’histoire. Ce jeu, c’est Banjo-Kazooie.

Gruntilda, la sorcière pustuleuse de la Montagne Perchée, rumine. Telle la reine d’un célèbre conte des frères Grimm, elle ne peut prétendre au titre de la plus délicieuse des créatures de son univers (dixit son chaudron crado). A qui la faute ? A Tooty bien sûr, la mignonette sœur de Banjo, un ours quelque peu naïf et oisif. Ni une ni deux, Grunty l’amatrice de décorations à base de chaussettes sales s’en va capturer cette pauvre créature aux tresses blondes. Réveillés par ce vacarme maléfique, Banjo et son compère sarcastique Kazooie, sorte de piaf imaginaire aux plumes oranges, se rendent compte de l’entourloupe et entreprennent une longue et périlleuse quête en vue de secourir l’inoffensive Tooty. Ce voyage sera aussi le vôtre.

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Il y a deux choses qui marquent lorsque l’on insère la cartouche pour la première fois. Tout d’abord, le ton employé par les différents protagonistes. Les dialogues se veulent volontairement humoristiques, à la limite de la provocation, et tranchent considérablement avec la patte colorée qui vous est proposée. Entre un Kazooie qui ne cesse de faire des blagues graveleuses et des mouvements d’humeur, un capitaine pirate qui picole et de rote comme un goret et une Gruntilda qui nous délecte de ses plus puantes rimes, la cassure pourra en surprendre plus d’un. La seconde chose qui saute immédiatement aux yeux, c’est l’immensité de l’univers et toutes les possibilités qu’il offre au joueur. A peine commence-t-on à trottiner dans les vertes plaines de la Montagne Perchée que nous sommes assaillis par une palette de mouvements dantesque et d’objets aussi diversifiés que dur à récolter. Autant vous le dire tout de suite, vous n’êtes pas au bout de vos surprises, le jeu se renouvelant d’une manière rarement vue au fur et à mesure de la progression.

Avant de rentrer dans le vif du sujet, j’aimerais m’attarder sur les deux principaux défauts du soft. Tout d’abord, la caméra, soucis récurrent des premiers jeux en 3D. Même s’il conviendra de nuancer la chose, elle reste parfois ingérable et risque de vous donner quelques sueurs froides, notamment durant les phases demandant maîtrise et agilité. En effet, elle se retrouve souvent bloquée sur les bords du décor et s’affole toujours au mauvais moment. On peut bien sûr la diriger grâce aux flèches jaunes de la manette, mais elle fait régulièrement des siennes et sera responsable de la perte de quelques alvéoles de vie. Le souci se ressent d’autant plus dans les phases de vol et aquatiques, puisqu'il ne sera absolument pas possible de la recadrer, le stick principal prenant le relais et l’orientera automatiquement en fonction de la direction visée. Il faudra donc jongler avec ces divers soucis et garder son sang-froid. Le second gros défaut du titre concerne les phases sous l’eau, qui sont absolument imbuvables (vous noterez ce trait d’humour fort bien amené). Il est toujours compliqué de décrire une jouabilité foireuse, mais je peux vous assurer que vous allez pester contre la lourdeur de Banjo quand il s’agira de nager. Vous devrez avancer en pressant A ou B tout en orientant l’ours avec le stick. Malheureusement, votre compagnon virtuel est tellement pataud que vous allez avoir toutes les peines du monde à le diriger correctement. Rajoutez à cela une caméra sous prozac et vous obtiendrez un mélange fort peu goûteux. Même si l'on s’habitue à cette maniabilité chaotique, ça reste dommageable, d’autant plus que certains niveaux se passent entièrement sous l’eau.

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Allez, ne faîtes pas la mou, la partie désagréable touche à sa fin. Malgré ces deux erreurs de jeunesse 3D-esque, Banjo-Kazooie demeure une expérience intense et généreuse comme vous allez rarement en voir. Que les choses soient bien claires, nous sommes ici face à une œuvre fantastique et inoubliable. Je peux vous assurer que vous n’allez pas lâcher la manette de sitôt, les développeurs de chez Rare nous ayant concocté un menu XXL aux saveurs délicates.

De manière étonnante pour un titre de ce genre, Banjo-Kazooie se présente comme un semi open-world rempli de niveaux tous plus inspirés les uns que les autres. Vous commencerez donc votre aventure dans les plaines de la Montagne Perchée qui feront office de tutoriel. Vous y apprendrez une partie des mouvements principaux du titre et pourrez vous familiariser avec ces derniers. Viendra ensuite le moment de pénétrer dans le repaire de Gruntilda, qui fera office de hub principal. A vous de vous y balader librement afin de découvrir les divers niveaux qu’il conviendra de débloquer afin d’avancer dans le titre. Pour se faire, il faudra récolter les pièces de puzzle disséminées à la fois dans le repaire et à la fois dans les mondes que vous allez explorer. Ces pièces vous serviront à compléter des tableaux qui vous ouvriront les portes des niveaux suivants. Une fois le tableau complété, il faudra trouver le niveau en question dans le hub afin d’y accéder. En résumé, on explore le repaire afin de trouver les tableaux à compléter, ces derniers vous ouvrant les portes des niveaux encore inexplorés. Vous devrez ensuite trouver le chemin pour accéder au monde en question dans ce même hub. Autant vous dire que le repaire de Gruntilda est donc réellement immense puisqu'il n’abrite pas moins de 11 niveaux.

C’est une magistrale leçon de level design de la part de Rare, qui nous offre un monde vaste tout en cohérence et reliant de manière à la fois tentaculaire et admirable les accès des divers niveaux entre eux. C’est d’autant plus agréable que le joueur y est rarement perdu. Vous risquez parfois de tourner un petit moment avant de trouver le bon chemin mais, une fois que ce sera fait, l’orientation en deviendra presque machinale. Et ne comptez pas sur le jeu pour vous répéter inlassablement les mêmes mécaniques, les accès étant tous différents les uns des autres. Parfois, la plus simple des explorations suffira. Parfois, il faudra activer des mécanismes qui vous ouvriront de nouveaux passages. Parfois même, il faudra effectuer certaines actions dans les niveaux proposés afin de débloquer un chemin inconnu. C’est donc avec délectation que nous avançons dans le repaire de la repoussante Gruntilda.

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Cependant, réduire Banjo-Kazooie à son seul hub central serait une monumentale erreur puisqu'il contient également des niveaux tous plus époustouflants les uns que les autres. Vous passerez donc d’une île pirate à un manoir hanté en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. C’est une véritable claque que l’on se ramasse en jouant au bébé de Rare, les mondes proposés étant d’une beauté et d’une originalité étourdissante. Contrairement à la majorité des jeux de plateforme, le déroulement desdits niveaux n’est pas linéaire. Il n’est aucunement question de tracés prédéfinis ou d’objectifs fixes à faire dans un ordre donné. On vous jette dans un univers inconnus et ce sera à vous seul de l’explorer et de découvrir les secrets qu’il renferme. Je vous rappelle quand même que vous avez des pièces de puzzle à ramasser, et il faudra se creuser la tête pour ça. En effet, les développeurs ne se sont pas contentés de cacher ces objets dans des endroits incongrus. Il faudra passer par un certain nombre d’énigmes et de mini quêtes si vous souhaitez tout récupérer. C’est donc avec un plaisir non dissimulé que l’on arpente ces différents niveaux en quête des objets qui y sont cachés, d’autant plus que les objectifs proposés sont réellement diversifiés. Vous rencontrerez par ailleurs de nombreux personnages qui vous demanderont d’accomplir des tâches et vous récompenseront pour votre dévouement. Afin de garder la surprise intacte pour les retardataires, je ne vous révélerai rien, mais sachez que vous allez en voir de toutes les couleurs...

Comme tout bon jeu de plateforme qui se respecte, Banjo-Kazooie ne se contente pas que d’un seul "collectible". En plus des indispensables pièces de puzzle vous seront proposées des notes de musiques, au nombre de 100 par niveau (1'000 au total). Ces notes vous serviront à ouvrir certaines portes dans le hub central ouvrant l’accès à de nouvelles zones et niveaux à explorer. Il conviendra donc d’en ramasser un maximum, voir la totalité, afin d’assurer sa progression. Oui, mais voilà, la chose sera plus facile à dire qu’à faire. En effet, si vous avez le malheur de mourir dans le niveau en cours, toutes les notes de musiques récoltées seront perdues et vous devrez tout recommencer si vous visez le 100%, le nombre de notes amassées avant le trépas étant tout de même comptabilisées.

C’est donc un beau challenge qui vous attend de ce côté-là. Vous serez également amené à ramasser des alvéoles pleines afin de remplir votre barre de vie et des alvéoles creuses afin de l’augmenter. Ces dernières sont très bien cachées et vous demanderont un sens de l’observation certain si vous comptez les récupérer. Rajoutons à cette liste des vies supplémentaires, des plumes dorées permettant d’activer une invincibilité temporaire, des plumes rouges permettant de voler et des œufs que vous serez habilité à utiliser sur vos ennemis et certains éléments du décors. Sont également présents les Jinjos, petits êtres colorés au nombre de 5 par niveau qu’il conviendra de libérer afin de récupérer une pièce de puzzle supplémentaire, et les crânes Mumbo, à dépenser dans la boutique du sorcier du même nom afin de vous transformer en divers animaux (indispensable dans la résolution de certains objectifs). Enfin, des plaques à l’effigie de Gruntilda qu’il faudra activer seront également disséminées dans les divers mondes et vous permettront de débloquer des pièces de puzzle à l’intérieur même du hub principal. Attendez-vous donc à passer un certain nombre d’heures à farfouiller le moindre recoin, le jeu étant bourré de contenu et de secrets (que je ne vous révélerai pas) en tout genre.

[RETROGAMING] Banjo-Kazooie / Nintendo 64

Nintendo oblige, Banjo-Kazooie est un titre techniquement et graphiquement irréprochable. Malgré un effet brouillard et une forte dose d'aliasing inhérents à la console, le jeu émerveille par sa finesse et sa palette. Tout y est très coloré et travaillé et, malgré les années, le titre n’a pas pris une ride. Le soft s'en retrouve sublimé sur émulateur et sur la version Xbox Live puisque les défauts sus-cités sont absents. La direction artistique n’est pas en reste non plus. Comme je l’ai énoncé précédemment, le titre est un bijou de cohérence et de diversité, on parcourt cet univers avec admiration et entrain. L’alchimie de l’ensemble est une véritable bénédiction, on ne peut rester sans voix devant une telle inspiration artistique. Mention spéciale pour le niveau dans Les Bois Clic Clac, un modèle du genre à montrer dans toutes les écoles. Les personnages et ennemis jouissent eux aussi de ce travail d’orfèvre, et sont tous plus charismatiques les uns que les autres. Préparez-vous à rencontrer une faune locale décalée, attachante et parfois malfaisante.

Tout comme bon jeu de plateforme qui se respecte, le gameplay occupe la part du roi dans l’expérience. Malgré une caméra capricieuse et des phases aquatiques pénibles, nos deux comparses se manient avec une aisance bienvenue et disposent d’une large palette de mouvements. Outres les actions classiques (saut, frappe, double saut, repli sur soi), on pourra effectuer des attaques aériennes et piquées, des roulades, des sprints ou encore des envolées à l’aide des plumes rouges et des plateformes associées. Certains objets spéciaux, tels que les baskets ou les bottes, vous permettront d’effectuer des actions spéciales afin de vous dépêtrer des situations les plus déplaisantes. Il faudra se familiariser très rapidement avec tous ces mouvements, certains étant parfois indispensables dans l’accomplissement de certaines quêtes. C’est votre compagnon d’infortune, le bigleux Bottles, petite taupe ne reniant pas son côté geek, qui vous apprendra de nouvelles capacités. Il conviendra de trouver ses taupinières afin qu’il vous enseigne ces mécaniques qui deviendront très vite essentielles. A noter que, malgré la très large palette de commandes à retenir, tout est très intuitif et bien pensé. On prend donc un plaisir immense à associer gameplay et level design afin de collecter tous les objets et finir le jeu à 100%.

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Côté bande son, les artistes de chez Rare tapent à nouveau dans le mille en nous proposant des pistes sonores de grande qualité. Nos oreilles de joueurs endurcis ne peuvent que se délecter de ces mélopées mythiques et inoubliables. Par ailleurs, les voix des différents protagonistes, à base d’onomatopées, sont parfaitement dans le ton et ne peuvent que nous faire rire. Ajoutez à cela une durée de vie comprise entre 15 et 20 heures si vous visez le 100% et vous obtiendrez un titre d’une teneur incroyable.

Banjo-Kazooie a deux gros défauts, c’est indéniable. Sa caméra qui part cueillir des pâquerettes pour mémé et ses phases aquatiques lourdingues gâchent un peu l’expérience. Mais comment ne pas s’enivrer devant tant de générosité et de talent? Un level design de fou furieux, une inspiration de tous les instants, un contenu gargantuesque et un gameplay calibré à la quasi perfection sont les mots d’ordre de cette aventure aux confins de la magie. Ajoutez dans cette marmite déjà bien fournie des graphismes enchanteurs, une bande son fabuleuse, un charisme omniprésent et l’écran de Game Over le plus classe et érotique (la fameuse tenue en latex noire) de l’histoire et vous obtiendrez une œuvre majeure ayant marquée des milliers de joueurs. Rare n’est plus l’ombre de lui-même, mais Banjo-Kazooie restera éternel, et c’est bien là l’essentiel.

SUPPOS : 6/6

Publié dans RETROGAMING, UNE

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R
Cà m'a fait bizarre de voir l'écran titre sans Hooper en arrière-plan qui joue du banjo.
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